Des terres agricoles continuent d’être menacées par l’expansion urbaine à Québec, même si des initiatives innovantes d’agriculture urbaine y sont mises de l’avant.
Des citoyens sont mobilisés et veillent au grain mais seront-ils écoutés?
Dans le contexte de la Semaine de la Terre à la fin avril, le collectif Voix citoyenne et plus de 160 cosignataires ont interpellé par une lettre ouverte un des plus importants propriétaires immobiliers de la région de Québec, afin de le sensibiliser à l’importance stratégique de préserver la vocation agricole des 204 hectares de terres achetées des Soeurs de la Charité en 2014 (http://lavieagricole.ca/5458/).
Localisées au cœur de la ville, ces terres ayant longtemps nourri une population malade ou démunie sont perçues comme un symbole patrimonial de son histoire sociale; plusieurs voient dans ce lieu un potentiel de développement collectif original pour Québec. La lettre prenait d’ailleurs à témoin des décideurs publics concernés à travers le Schéma d’aménagement et de développement (SAD) de l’Agglomération de Québec adopté en 2018, mais qui doit être modifié pour être approuvé par le Gouvernement du Québec.
Le sujet a fait couler beaucoup d’encre, notamment dans le cadre des consultations publiques de 2016 et 2017 sur ledit Schéma. Au total, 567 hectares de zone agricole sont visés par l’urbanisation d’ici 2036. L’Institut Jean-Garon a déjà pris parti en faveur d’une révolution verte urbaine, par le maintien de ces terres en zone agricole et leur mise en valeur dans une perspective d’agriculture innovatrice et tournée vers l’avenir (http://lavieagricole.ca/4161/).
Mais les avis demeurent partagés. Ainsi, à la suite de la lettre de Voix citoyenne, un chroniqueur du journal Le Soleil a avancé, sur la base de la présence notable de friches agricoles dans la région, qu’il n’y avait pas lieu de s’indigner de l’urbanisation de ces superficies adjacentes à la trame du périmètre d’urbanisation actuel (https://www.lesoleil.com/chroniques/francois-bourque/le-gaspillage-des-terres-agricoles-c9f380e3ead89e35c01721bc41b590b1).
Il n’en fallait pas plus pour susciter de vives répliques, tant du Syndicat local de l’UPA (https://www.lesoleil.com/opinions/zones-agricoles-prouver-quil-manque-despace-8e348357196139c6a254efce1c7181ab) que d’un agriculteur outré par ces propos (https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/non-au-sacrifice-des-terres-agricoles-96d0114919ea5a479c23e286753627f2).
Quel résultat peut-on attendre d’une partie de bras de fer mettant aux prises des promoteurs immobiliers supportés par des élus municipaux avec une vision dominée par un désir de rentrées de fonds, d’une part, et des acteurs agricoles collaborant avec des citoyens conscientisés à des nouvelles valeurs de santé et d’environnement, d’autre part?
Assistons-nous encore à une répétition ad nauseam du débat ayant donné lieu à l’adoption de la Loi sur la protection du territoire agricole il y a plus de 40 ans?