À l’heure de l’urgence climatique qui, ces derniers jours, a fait marcher plus d’un demi-million de Québécois, l’Institut Jean Garon s’invite au débat.
L’Institut, un groupe d’analyse et de réflexion sur les grands enjeux de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Québec, rappelle l’importance de 40 ans de zonage agricole et, à cet égard, pilotera une journée de réflexion sur le sujet le 12 novembre prochain.
Mais, entretemps, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) du Québec doit rejeter le Schéma d’aménagement et de développement (SAD) de l’agglomération de Québec tel que présenté et demander aux élus de le remplacer par une planification en accord avec les enjeux actuels. Ce schéma d’aménagement prévoit le dézonage de 567 hectares de terres agricoles, surface considérable eu égard au potentiel agricole du Québec et de la région en particulier.
En protégeant les terres agricoles, notamment les Terres des Sœurs de la Charité, notre gouvernement a l’occasion de s’inscrire dans une vision à long terme qui tient compte à la fois de l’environnement et des attentes citoyennes.
Les consommateurs veulent un rapprochement avec les producteurs agricoles; un garde-manger à proximité est aussi une façon de faire face aux impacts encore mal connus des changements climatiques menaçant l’équilibre économique mondial et leur sécurité alimentaire. La rareté des sols arables de qualité au Québec milite en faveur de la préservation et de la mise en valeur agricole de ces terres.
L’urbanisation des terres menacées se traduirait par l’artificialisation de l’essentiel des superficies menacées et générerait une augmentation des gaz à effet de serre (GES). Il faut plutôt maintenir ces poumons verts et intégrer la croissance démographique des 20 prochaines années dans le périmètre urbain actuel qui en a le potentiel.
L’approbation gouvernementale du schéma d’aménagement proposé n’entraînerait pas la mise en œuvre immédiate de toutes ses orientations car une autorisation de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) serait nécessaire pour exclure de la zone agricole des 567 hectares visés. Mais elle constituerait une forte caution morale.
La crise climatique oblige à des décisions responsables quant à la diminution des GES, la gestion de nos ressources et la sécurité alimentaire. La protection de 567 hectares de terres agricoles dans un périmètres urbain constituerait un signal fort à une génération qui attend des gestes concrets.
Michel Saint-Pierre et Guy Debailleul, co-présidents de l’Institut Jean Garon