Pour la sécurité alimentaire des Québécois
Québec, le 7 avril 2020 – « Dans la foulée de la reconnaissance par le Premier ministre François Legault de l’importance d’accroître notre capacité à nous nourrir nous-mêmes, soit de viser l’autosuffisance, il est impératif que le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation puisse affirmer rapidement son leadership. Il doit être en mesure de répondre aux besoins immédiats générés par la crise et de préparer le Québec agroalimentaire à l’après-pandémie », ont déclaré les co-présidents de l’Institut Jean-Garon, MM. Michel Saint-Pierre et Guy Debailleul.
Cela signifie que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation doit retrouver la place qui a déjà été la sienne au sein du groupe restreint des ministères de premier plan, aux côtés notamment des ministères de la Santé, de l’Éducation et, depuis peu, de l’Environnement.
« L’alimentation est une fonction qui a un impact direct sur la santé, la sécurité et la vie même des citoyens et cela doit se refléter dans les choix organisationnels et budgétaires de l’État », affirment MM. Saint-Pierre et Debailleul.
Un leadership fort et clair du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. André Lamontagne, est d’autant plus important que le risque est grand actuellement de voir le Québec s’attaquer en ordre dispersé au défi d’assurer notre sécurité alimentaire sur le long terme. « Les idées et suggestions fusent de toutes parts, toutes excellentes, mais il faudra établir rapidement des priorités et un plan de match ».
Pour une conférence socio-économique sur la sécurité alimentaire
Dans cette optique, les co-présidents de l’Institut Jean-Garon proposent que, dès que les conditions sanitaires le permettront, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation convoque une conférence socio-économique spéciale autour du thème de la sécurité alimentaire des québécois face aux risques de perturbation du commerce international.
À l’image de la vingtaine de telles conférences convoquées par Jean Garon au tournant des années 80 et qui avaient permis de mener l’autosuffisance alimentaire du Québec à un niveau inégalé, cette rencontre devrait réunir tous les acteurs de la chaîne agro-alimentaire, des producteurs aux consommateurs, en passant par les camionneurs, transformateurs, restaurateurs et distributeurs.
« Il ne doit pas s’agir d’un grand sommet ni d’une consultation tout azimut car le Québec ne part pas de rien en la matière, estiment les co-présidents. La feuille de route pour faire de l’agroalimentaire une véritable priorité nationale existe sous la forme du Rapport Pronovost sur l’avenir de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire québécois, dont bien peu de recommandations ont été mises en pratique, mais qui demeure toujours pertinent, douze ans après sa publication. Il faut les actualiser en les adaptant à la nouvelle réalité tant au niveau des politiques internes qu’à celui des grands accords de commerce canadiens et internationaux.
Un des premiers constats qui s’imposera est que la politique bioalimentaire dont s’est doté le Québec en 2018 mais, malgré des qualités indéniables, est malheureusement beaucoup trop timide pour relever le défi d’assurer la sécurité alimentaire des Québécois et Québécoises, qui plus est dans un monde agroalimentaire qui sera perturbé pour une longue période.
Les crédits supplémentaires de 350 M$ sur cinq ans initialement prévus pour concrétiser cette politique apparaissent aujourd’hui nettement insuffisants. De même, les priorités, orientations et actions énoncées doivent être sérieusement revues. Ainsi, estiment MM. Saint-Pierre et Debailleul, l’accent doit être d’abord mis sur la satisfaction de la demande interne plutôt que sur le développement des marchés extérieurs. Pour ce faire, le support à la recherche, le soutien au bio, à la production en serres et à l’agriculture de proximité doivent être accrus de façon significative, pour ne nommer que ces aspects.
Par ailleurs, les fermetures réelles et appréhendées d’usines de transformation de très grand gabarit démontrent les dangers d’une trop forte concentration des capacités de production, transformation et distribution. « Il faudra très certainement trouver des moyens de contrer cette tendance, qui a mené à la fermeture de plusieurs entreprises régionales au nom des économies d’échelle et de la réduction des coûts car cette tendance fragilise les chaînes d’approvisionnement ».
Enfin, le Québec, de concert avec le gouvernement fédéral et les autres provinces, doit envisager la constitution de réserves alimentaires stratégiques adaptées à la nouvelle donne d’un monde ou les sources d’approvisionnement extérieures ne sont plus sûres.
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