Québec, le 21 octobre 2020 – L’Institut Jean-Garon tient à féliciter les journalistes Francis Vailles et André Dubuc pour l’excellence de leur enquête sur le dézonage de terres agricoles dans la MRC de Montcalm, publiée les 19 et 20 octobre dans le journal la Presse.
Ils ont mis en évidence une aberration tant sur le plan agricole qu’urbanistique : le feu vert politique à l’étalement urbain sur des terres agricoles d’excellente qualité où, qui plus est, on pratique une agriculture diversifiée, en partie maraîchère, et pas seulement les monocultures dominantes de maïs et de soya.
Cette décision aberrante a été prise en octobre 2019. Depuis, est survenue la Covid, ce qui la rend encore plus inacceptable car, d’une part, la population est plus sensible que jamais aux mérites de la production alimentaire de proximité et, d‘autre part, la pression immobilière sur les 2e et 3e couronnes de Montréal est à la hausse, favorisée par la crainte de la Covid et la popularité du télé-travail. Cette double réalité commande de renforcer les mécanismes de protection du territoire agricole et de contrôle de l’étalement urbain et non pas de les relâcher.
Le feu vert de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), Mme Andrée Laforest, est d’autant plus surprenant qu’il s’inscrit en porte-à-faux avec plusieurs décisions récentes de ce même ministère dans des cas similaires, notamment ceux des Terres des Soeurs de la Charité à Québec et de l’expansion d’une zone industrielle à Saint-Jean-sur Richelieu. Le MAMH s’est alors tenu debout, deux fois plutôt qu’une, face aux pressions des autorités municipales et des promoteurs concernés.
Qu’y-a-t-il de particulier dans le cas de la MRC de Montcalm sinon un contexte politique local différent?
Rappelons que le monde municipal lui-même ne supporte pas ce type de développement anarchique comme en témoigne le Plan d’aménagement et de développement de la Communauté métropolitaine de Montréal, farouchement opposé à l’étalement urbain. Qui plus est, selon l’enquête de la Presse, les propres fonctionnaires du MAMH en région et ceux d’au moins deux autres ministères consultés ont recommandé de ne pas donner suite aux demandes de la MRC.
On le comprend en jetant un simple coup d’œil sur la carte des infrastructures routières de la MRC de Montcalm. L’ampleur du défi que représente l’accroissement inévitable de la population de navetteurs entre plusieurs municipalités du secteur et Montréal saute en effet aux yeux. Déjà, le trafic déborde dans les rangs, ce qui est une menace pour leur caractère agricole. Faudra-t-il transformer ces petites routes sinueuses en grands boulevards et à quel coût?
Le poids d’empêcher cette aberration sur le plan de l’aménagement du territoire repose maintenant sur la Commission de protection du territoire agricole dont ce n’est pas le rôle et qui devra agir au cas par cas, avec la possibilité de voir le gouvernement la dessaisir du dossier si ses décisions ne font pas son affaire.
L’Institut ne peut que souhaiter que MM. Vailles et Dubuc continent à suivre ce dossier.
Source : Michel Saint-Pierre et Guy Debailleul, co-présidents de l’Institut Jean-Garon
Simon Bégin, porte-parole
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