Simon Bégin et Yan Turmine

Divorce entre production et transformation!

La coupure surprise dans les quotas de lait a laissé un goût amer à bien des producteurs. Comme une entente avec les transformateurs qui ne semble pas en être une. À voir les résultats, cela ressemble plus à une capitulation, baisse de prix, coupure dans les quotas et oh ! surprise, on continue allègrement d’importer des substances laitières des États-Unis (on appelle plus cela du lait diafiltré).

Goût amer aussi en production porcine, baisse de prix pour les producteurs indépendants québécois en bas du seuil de rentabilité. Pendant ce temps les transformateurs continuent d’investir allégrement dans la production tout en se permettant de donner de généreux prix à des producteurs ontariens afin d’abattre leurs cochons au Québec, chercher l’erreur ?

Le divorce entre la transformation et la production familiale québécoise est bien réel. Nos grands transformateurs québécois sont à mettre à genou la production, non pas pour survivre, mais pour engranger plus de profit. Chose encore plus incompréhensible parmi ces transformateurs, deux grandes coopératives de producteurs (théoriquement encore des coopératives).

Où est la traçabilité du produit québécois dans tout cela ? Pourtant le consommateur en demande. On l’inonde d’annonce lui demandant de consommer encore plus de produits québécois. C’est bon pour l’économie! Les producteurs et les gouvernements mettent beaucoup d’effort à produire des produits avec de hauts standards de qualité et d’éthique, ces efforts sont malheureusement sans effet pour le consommateur, car nos transformateurs diluent le tout avec des produits d’ailleurs qui ne sont pas sous nos standards.

On se retrouve donc avec des produits laitiers mélangés avec des substances laitières importées, substances qui proviennent peut-être de vaches qui ont été traitées aux hormones. À l’étalage des viandes, notre porc québécois côtoie du porc ontarien et américain. Faute d’étiquetage difficile à dire sa provenance! De plus, est ce que la viande d’un porc élevé en Ontario et abattu au Québec est de la viande québécoise ou ontarienne?

L’industrie a malheureusement rompu le pacte qu’elle avait avec la production familiale, pacte qui répartissait de façon équitable la richesse, et qui était un élément de prospérité et de stabilité pour tous. En se comportant de la sorte l’industrie scie la branche sur laquelle elle est assise. Il est plus que temps que les membres des coopératives concernées par de telles pratiques, posent de sérieuses questions à leurs dirigeants. Ce divorce appelle l’intervention des gouvernements afin d’arbitrer et de rappeler à tous qu’il y a des règlements et des principes à respecter, quitte à changer la loi de la mise en marché afin de ramener la stabilité, élément essentiel à la croissance.

Yan Turmine

Chroniqueur La Vie agricole

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