Je suis la Terre des Sœurs de la Charité; vous êtes plusieurs à avoir réagi à ma dernière lettre. J’apprécie beaucoup votre sollicitude, je me sens moins seule. Vous savez maintenant que les grandes personnes sur la colline ont décidé de me protéger; elles ont écrit ‘‘que l’agglomération n’a pas démontré que l’empiétement en zone agricole était inévitable et nécessaire pour répondre à la croissance anticipée de la population de son territoire.’’
Cette décision m’a réconfortée, je suis protégée pour le moment mais je sais que cela n’est pas définitif et ça m’inquiète; d’autres terres ont été moins chanceuses que moi récemment, à Vaudreuil pour un hôpital, à Beauharnois pour un géant de l’internet et dans la MRC de Montcalm pour la construction de maisons… j’aimerais que ma vocation agricole soit assurée à long terme.
Le texte d’une poète Innue est venu à moi récemment
(Rita Mestokosho, Un peuple sans terre)
‘‘Quand la lune sera pleine Et que le soleil sera rouge
On verra alors sur la plaine Un homme faisant brûler de la sauge.
Sa peine sera immense comme la mer
Car il aura vu la terre disparaître sous ses pieds
Les hommes-machines l’auront dévorée les premiers
Pour en faire une nouvelle cité’’.(…)
J’aime beaucoup la pensée autochtone, pour eux, la terre est leur mère, ‘‘notre mère de tous les jours’’.
La poète Innue citée plus haut a aussi écrit : ‘‘Notre terre traditionnelle est toujours menacée par la destruction des grosses compagnies forestières, des barrages hydro-électriques et des mines. Notre vie et notre survie sont attachées à celles des rivières, des forêts et des lacs.’’
Moi aussi je suis toujours menacée, le monsieur qui dirige la cité ici à Québec, veut encore ‘‘construire une mini-ville sur mon sol fertile.’’
Écris-moi une carte de Noel pour exprimer ce que tu rêverais voir sur mon lopin de terre, pour me dire ce que je représente pour toi.
Une carte d’amitié, une carte de réconfort, quel est ton souhait de Noel pour moi, Terre des Sœurs de la Charité.