Ai-je été un rêveur ? un idéaliste fou ?

Un rêve idéaliste?

Les artisans de la Loi sur la protection du territoire agricole de 1978 étaient-ils des rêveurs idéalistes? Avec en trame de fond un rappel du contexte historique de l’époque, l’un d’entre eux, Jacques Landry, confie ses souvenirs et son questionnement. Partagez-vous ces interrogations ?

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Les artisans de la Loi sur la protection du territoire agricole de 1978 étaient-ils des rêveurs idéalistes? Avec en trame de fond un rappel du contexte historique de l’époque, l’un d’entre eux, Jacques Landry, confie ses souvenirs et son questionnement. Partagez-vous ces interrogations ?

J’ai été un des artisans de la Loi sur la protection du territoire agricole de 1978 ainsi que  de l’élaboration des cartes des zones agricoles provisoires.

Il s’agissait d’un défi colossal, qui n’a pu être relevé qu’avec le travail et les réflexions de nombreux collaborateurs.

En effet, au début des années 70, les développements résidentiels, commerciaux, industriels, récréatifs et toutes les infrastructures nécessaire à ces développements entraînaient une grave déstructuration de notre espace agricole.

Il fallait rapidement freiner, sinon stopper, ce gaspillage de notre patrimoine agricole, d’autant plus qu’il n’existe plus au Québec de réserves significatives de bons sols.

Comment s’y prendre pour que nos sols agricoles, si rares, soient perçus comme ‘’un bien d’intérêt collectif’’ réservé à l’agriculture?

Nous étions conscients qu’aucun des gouvernements précédents n’avait été en mesure de freiner la dilapidation de nos sols agricoles et qu’il y aurait une forte opposition des « développeurs » et des villes à toute mesure de protection du territoire agricole.

Nous avons quand même foncé et proposé une démarche pour y arriver.

Nous nous sommes inspirés de la Colombie Britannique, dont la situation était similaire à celle du Québec. On venait d’y adopter en 1973 une loi de zonage agricole et on avait créé une Commission pour appliquer cette loi.

Dans un premier temps:

– Simultanément au dépôt du projet de loi 90 à l’Assemblée Nationale, dépôt de plans provisoires qui établiraient immédiatement des périmètres réservant tous les sols propices à l’activité agricole et ce, afin d’empêcher la spéculation et l’utilisation à des fins autres qu’agricoles.

– Instauration d’une Commission nationale qui serait chargée de l’administration de cette loi.

Dans un deuxième temps :

– La Commission discuterait avec chacune des municipalités afin d’établir les limites de la zone agricole permanente, en consultation avec le milieu, le tout ensuite approuvé par décret gouvernemental.

– Par la suite, la Commission serait chargée de toutes les décisions et autorisations requises quant aux limites des zones agricoles et aux divers usages non agricoles à l’intérieur des zones protégées.

Nous espérions que, après l’établissement des limites permanentes des zones agricoles, le nombre de demandes auprès de la Commission tombe d’une manière très significative.

Nous espérions que les citoyens et les diverses instances adoptent à l’égard de la zone agricole la même attitude qu’à l’égard d’un parc industriel et cessent de voir les terres agricoles comme des espaces en attente d’urbanisation.

Nous espérions également que les critères de décision introduits dans la loi permettraient de tenir compte des particularités de chacune des régions et des milieux agricoles. Il se développerait ainsi une nouvelle culture à l’effet que, dans les zones à fort potentiel et utilisées intensément à des fins agricoles, il serait difficile, sinon impossible, d’y faire autre chose que de l’agriculture, à moins de motifs exceptionnels. Dans les zones à plus faibles potentiels et déjà diversifiées, la protection serait plus modulée, pour tenir compte d’une certaine mixité d’usages qui devraient nécessairement être compatibles avec les activités agricoles existantes et potentielles. Nous espérions que les terres en friches soient remises en culture, surtout celles à proximité des villes.

Nos espoirs étaient immenses…!

Bref, nous espérions qu’il en résulterait un nouveau dynamisme dans le secteur agricole!

40 ans plus tard, nos rêves se sont-ils réalisés?

Sommes-nous loin ou près du but? Quels bouts de chemins nous reste-t-il à parcourir?

Me suis-je trompé en croyant au gros bons sens et au sens des responsabilités de chacun de nous à l’égard de nos sols agricoles, si rares chez nous?

Jacques Landry,  agronome

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Pour mieux comprendre cette époque, un reportage historique (audio et résumé) tiré de la série Aujourd’hui l’histoire, Première chaine de Radio-Canada

28 février 2018                                                                                                   

La loi qui a protégé les terres agricoles du Québec face à l’urbanisation

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/61227/loi-sur-la-protection-du-territoire-agricole-jean-garon-pq-jean-charles-panneton

Crédit photo Jacques Landry, Radio Canada

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